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POEBZINE : poésie contemporaine et poètes d'aujourd'hui...
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6 septembre 2015

De la veine littéraire quand « il pleut »

à Jérôme Leroy qui court aussi les bouquinistes.

S
amedi toute la journée, je me suis baladé à la Braderie de Lille, où il a fait à peu près beau jusque 17 heures. Et, ce jour-là, j'ai eu de la veine, comme on dit. Puisqu'en farfouillant sur l'étal d'un bouquiniste, je suis tombé sur un livre dédicacé de Francis Carco à un prix très raisonnable.

Francis Carco dédicaceMais qui, en 2015, connaît encore Francis Carco ? Qui a lu ses principaux recueils : La Bohème et mon cœur (1912) et Petite suite sentimentale (1923-1937) rappelant Verlaine et Francis Jammes ? Qui a lu ses romans ayant, pour décor, Montmartre (avec son célèbre cabaret Le Lapin agile) et le Quartier Latin ? Francis Carco à qui on doit encore la publication posthume des Contrerimes, recueil de son ami et poète fantaisiste, Paul-Jean Toulet, d'abord refusé par un éditeur marseillais, et qui faillit même ne jamais être édité...

J'emprunte ici un extrait de la préface de Robert Sabatier qui figure dans l'édition complète des poèmes de Francis Carco, éditée chez Albin Michel, pour vous situer un peu mieux le bonhomme :

Francis Carco et la romance de Paris

Le romancier des hors-la-loi, des souteneurs et des prostituées : Jésus-la-Caille (1914), Les Innocents (1916), L'Homme traqué (Grand Prix du roman de l'Académie française, 1922), Rue Pigalle (1928), etc, le mémorialiste des peintres et des poètes de Montmartre : Scènes de la vie de Montmartre (1919), La Légende et la vie d'Utrillo (1927), Mémoires d'une autre vie (1934), Montmartre à vingt ans (1938), Bohème d'artiste (1940), etc. , l'auteur de vies romancées de François Villon et de Paul Verlaine, autrement dit François Carcopino Tusoli, dit Francis Carco (1886-1958), par sa prose excellente, a connu une popularité méritée, l'entrée à l'Académie Goncourt et les honneurs, sans faire heureusement oublier le poète de recueils sensibles.

On lui doit d'ailleurs une des plus belles déclarations d'amour les plus concises qui soit dans son poème « Il pleut ».

Il pleut – c'est merveilleux. Je t'aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
En ce temps d'arrière-saison. (...)

à Madame Bottin de la Boullaye...

L'histoire de ma petite découverte ne s'arrête pas là. Sur le même stand, il y avait d'autres dédicaces d'écrivains tels qu'Armand Salacrou, André Maurois, etc. à la même destinataire : Madame Bottin de la Boullaye, dont on m'a dit qu'elle avait vécu dans un château, à Cassel, jusque l'âge de 102 ans.

Cette même dame figure déjà dans les annonces du gotha mondain du journal Le Figaro en 1854. Et j'ai aussi retrouvé son nom parmi la liste des passagers du paquebot Normandie qui voyagea, le 29 mai 1935, sur la ligne Le Havre - Southampton - New York.

Enfin, cette Madame Bottin de la Boullaye devait avoir de l'entregent puisqu'elle avait également composé un « album amicorum » : livre d'amitié très précieux où elle avait visiblement recueilli des dessins, photographies et mots d'amis, contenant sans doute des œuvres originales d'artistes ou de littérateurs qui ont été célèbres jusqu'à nos jours. Dans celui de Madame Bottin de Boullaye apparaissent, en effet, les noms glorieux du designer Christian Daninos (1944-1992), du peintre américain Daniel E. Greene, du photographe Serge Jacques, du danseur et chorégraphe Serge Lifar (1905-1986) ou encore de l’indémodable Jean Cocteau (1889-1963).

De voyager ainsi dans le temps, avec mon petit livre de Francis Carco, sous le bras, dédicacé à Madame Bottin de la Boullaye, c'est assez délicieux et vous comprenez alors que dans mon Nord natal, il pleut déjà moins !

François-Xavier Farine, le 6 septembre 2015.

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