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POEBZINE : poésie contemporaine et poètes d'aujourd'hui...
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15 mai 2016

Le Goncourt de la Poésie 2016 aux oubliettes

Ayant appris, il y a quelques jours, sur le site de Livres Hebdo, l’information selon laquelle « Le Goncourt de la Poésie-Robert Sabatier » 2016 ne sera remis à aucun poète, cette année, mais à l’association du « Printemps des Poètes »… j’ai été passablement agacé.

J’ai pensé à beaucoup de poètes qui mériteraient ce Goncourt de la Poésie mais qui ne font sans doute pas partie des cénacles « consacrés » ou parisiens : francs-tireurs, solitaires, maudits, réfractaires peut-être même à ce genre d'honneurs, poètes disparus, ignorés de leurs pairs...

Des noms : Daniel Biga, Pierre Tilman, Kenneth White, Louis-François Delisse, Tristan Cabral, Serge Pey, Jean-Pierre Georges, François de Cornière… ou Jean L’Anselme, Thierry Metz, André Laude, André de Richaud, Yves Martin, Claude de Burine, Louis Calaferte, Thérèse Plantier, Pierre Peuchmaurd, Marcel Béalu, Joyce Mansour, Pierre Autin-Grenier à titre posthume... Mais, peut-être, que tous ces poètes-là ne sont ou ne furent pas assez consensuels ? Pas assez « Gallimardiens » ? Je m’interroge… Surtout lorsque je parcours consciencieusement la liste de la plupart des auteurs primés depuis 1985.

Dédicace de Jean-Pierre SiméonJe n’ai rien contre Jean-Pierre Siméon et son association du « Printemps des Poètes » qui font un travail de terrain remarquable, considérable, en fédérant la poésie et ses manifestations, en lui donnant une réelle légitimité et visibilité sur tout le territoire hexagonal et, même au-delà. Je l’avais d’ailleurs déjà écrit grâce au poète, Jean-Pierre Nicol, dans une tribune publiée dans le n°101 de la revue, Rétro-Viseur, en juillet 2005. De ce que j'écrivais alors, je ne retrancherais presque rien :

La poésie aujourd'hui (vue en 2005)

« On se rend pas assez compte de la richesse de la poésie actuelle, tous courants confondus. De la poésie féminine qui offre une nouvelle façon de voir le monde avec acuité, sensibilité, revendications légitimes. Après les pionnières, Hélène Cadou, Vénus Khoury-Gatha, Andrée Chedid, Thérèse Plantier, Odile Caradec et Claude de Burine, on peut faire confiance à Isabelle Pinçon, Valérie Rouzeau, Claire Genoux, Albane Gellé et Sophie Loizeau.
Autres constats, dans les pays dictatoriaux, dans les pays qui souffrent, de l'Améique du Sud au Bloc de l'Est, qui réapprennent aujourd'hui le goût de vivre libre, en passant par l'Afrique sous les traits du griot, la poésie fait sauter les cœurs comme un bouchon d'air pur ! (Cf. le supplément de Courrier international n°733, spécial poésie de novembre 2004) Chez les Anglo-Saxons, plusieurs recueils de poésie font même partie de la liste des best-sellers.

En France, on est encore loin de cet enthousiasme généralisé, mais il n'est pas interdit d'en rêver pour demain ! Sur le terrain, les acteurs et les forces sont là : voyez-vous même...

L'Avenir... bleu comme une orange ?

Le succès du « Printemps des Poètes » s'intensifie d'année en année. Jean-Pierre Siméon, son directeur, fédère les acteurs, propose notamment sur le site officiel une carte de France interactive des événements par région et organise chaque mois, à Paris, des rencontres avec des poètes de premier plan. En juin, le Marché de la Poésie a aussi, toutes proportions gardée, des allures de « Salon du Livre » (…) »

Pourtant, mon enthousiasme est aujourd'hui terni par cette information en demi-teinte. Je déplore franchement que l'Académie Goncourt n'ait pas récompensé un des poètes majeurs cités au début de cet article.

Les organismes d'intérêt public sont heureusement rarement abandonnés par l'État, les individus-poètes, eux, beaucoup plus souvent.

Les institutions et la presse littéraires ainsi que les médias, de manière général, ne manquent pas une occasion de célébrer les romanciers quand la poésie n'est jamais sous les feux des projecteurs ou, alors, quand on parle de poésie, c'est toujours de manière minimaliste, minutée, expéditive, voire caricaturale.

En tout cas, cette année, l'Académie Goncourt a certainement manqué une véritable occasion de célébrer et de récompenser à juste titre un grand poète vivant.

Je leur suggère chaleureusement d'en récompenser deux, l'an prochain !

© François-Xavier Farine, le 15 mai 2016.

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