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POEBZINE : poésie contemporaine et poètes d'aujourd'hui...

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19 août 2020

Inédit n°24

Daniel-Biga-seconde-anthologiede Daniel Biga, né en 1940 :


              La pêche à la ligne

Mon option c'est la pêche à la ligne.
Sans hameçon ni appât, bien sûr, et même sans canne ni ligne.
Dans la société, seule l'imposture est à sa place. Chacun attend derrière les barreaux de sa cage d'où il devine plus ou moins la liberté du vrai monde.
Hommage à ceux qui ne laissent pas trace, ceux qui n'amassent pas la parole, ceux qui ne monopolisent pas, ceux qui ne dressent pas monument, ceux qui ne font pas chef d'oeuvre...
Hommage aux pêcheurs sans ligne.

Extrait du recueil, Arrêts facultatifs,
(éditions Gros Textes, 2001).

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14 août 2020

[Troisième lettre inédite de Jean L'Anselme à François-Xavier Farine]

 

Jean L'Anselme à Lille (décembre 2002)

Au début des années 90, je découvrais les poèmes humoristiques de Jean L'Anselme.
Fin 2001, suite au spectacle de François Marzynski, En tant que Roi des Cons, je pense finir Empereur, monté à partir des textes du poète, j'appris par la bouche du comédien que Jean L'Anselme aimait beaucoup qu'on lui écrive. Je décidai de franchir le pas. S'ensuivit une correspondance riche - de plus de dix d'années - à raison d'une à deux lettres par mois. (...)

                                                                                                   Le 5 juin 2002.

Cher François-Xavier,

Je considère la correspondance écrite comme les empreintes digitales de l'écrivain. C'est cette correspondance qui permettra de le reconnaître plus tard, et je trouve navrant que mes contemporains ne s'expriment plus que par onomatopées griffonnées sur un bristol. J'ai entretenu une correspondance avec Dubuffet et Chaissac que l'Etat s'est déjà réservée après ma mort. Ce devrait être une leçon pour tous ces hommes de plume qui ne s'expriment plus qu'avec un portable à l'oreille. Je suis donc fort heureux de trouver avec vous un bavard de l'écriture avec lequel je puis échanger quelques confidences.

Merci tout d'abord pour ce chaleureux article qui s'apparente plus à une étude qu'à un compte rendu. S'il voit le jour comme vous l'espérez, il couronnera la bonne trentaine d'articles recueillis par ma « Chasse d'eau ». Grâce à vous, à l'instar des joueurs de tennis, je vais remonter d'au moins dix rangs dans le classement international de l'A.T.P. (Association de Tous les Poètes).

Certes, comme vous, je me sens plus proche de Desnos que d'Aragon. J'ai toutefois envers ce dernier un devoir de reconnaissance car, à la fin de la guerre, à un moment où j'étais en pleine boulimie de poésie, il a enflammé la poésie française. Je retrouvais en lui le romantisme d'Hugo qui, plus tôt, avait ébloui mon éveil à la poésie, au service d'une cause que j'avais moi-même servi au cours de la guerre. C'est lui aussi qui m'accueillit (avec Vercors et Guillevic) au Comité National des Ecrivains où se trouvaient réunis les écrivains issus de la résistance. C'est d'ailleurs pour ces raisons que « les Amis d'Aragon » viennent de me demander un témoignage pour le 20ème anniversaire de sa mort. J'ai trouvé ensuite d'autres modèles d'écriture plus libérée, moins enjolivée, moins chantée mais je crois lui devoir cet engagement social qui revient souvent dans mes écrits. Il est vrai ; à part cela,  qu'Aragon a toujours été une vieille cocotte hautaine. J'eus d'ailleurs avec lui quelques « démêlés » en lui accordant qu'il ne m'a jamais fait grief de lui avoir tenu tête.

Avec Cadou, Cendrars, Prévert et Desnos, nous nous retrouvons en plein accord. J'ajouterai pour ma part deux personnages plus intimes de ma confrérie : Queneau et Tardieu.
Ah ! L'arrière-pays de Biarritz à vélo avec une aimée, quel bonheur ! J'y fus l'an dernier avec ma vieille femme (j'ai huit ans de plus), invité par des comédiens qui ont mis en spectacle « Le Ris de veau ». La réalisation est toute différente de celle de Marzynski pour « La Chasse d'eau » mais le résultat est fort satisfaisant. Ils l'ont depuis promené dans une quinzaine d'autres villes. Lors de notre passage à Biarritz, ils nous ont promenés dans les environs. Pas le temps tout de même de mettre Supervielle ou Jammes au programme. Cette région a de l'âme.
Je me réjouis de ces expériences qui augmentent l'impact populaire de ma poésie. Il est vrai qu'elle s'y prête. On comprend fort bien qu'il serait difficile de composer de la même manière avec des Bonnefoy, Deguy, etc. dont la langue est plus secrète.

Le foot. Ah ! vous connaissez le bon Delbourg ; je l'adore. (...) On s'aime depuis toujours et il doit voir, comme moi, tous les matchs de la Coupe du Monde, à la télé. A propos de mon poème (« Le sport à la télé »), j'ajoute que, depuis, ma femme m'a payé un abonnement à Canal+ pour voir le sport. Je ne regarde que ça et les informations, je juge que tout ce qui est culture passe mal à la télé car, la connaissance qu'on vous apporte ne va pas au rythme de votre capacité à comprendre. On a l'impression de sortir riche sans avoir rien retenu. Le livre, si, car il est votre esclave alors que la télé vous impose ses règles.

Comment j'écris ? Vous me répondrez à votre tour, après, sur ce sujet. Je ne me sens guère d'imagination, je pratique une poésie vraie, cela signifie que n'inventant rien, j'ai besoin d'un déclic ; ainsi ai-je écrit ce matin « La Femme à Bébert » car, le Bébert en question (un écrivain célèbre) a enterré sa femme sans en dire un mot à ses intimes. Cela signifie que je ne me mets pas à table à heure fixe, comme les vrais écrivains, comme mon Bébert qui est un « pro ».
Mais j'écris toutefois énormément parce que j'amoncelle les notes, les pensées, les aphorismes, que je suis assez souvent sollicité pour des collaborations, sans oublier ce courrier que j'ai plaisir à composer comme la longueur de cette lettre vous l'indique.

                                                                 En très grande sympathie, Jean L'Anselme

10 août 2020

Marlène Tissot, bientôt !

marlene-tissot-chez-lunatique


Life is a Beatles’ song
Marlène Tissot

Un recueil de nouvelles à paraître le 22 septembre 2020 chez Lunatique

128 pages • 14 € • 9791090424975


> Le site de la petite maison Lunatique

23 juin 2020

48 ans et 362 jours

Route ensoleillée

Je suis sorti à vélo
sous le grand ciel bleu

près des champs de blé
j’étais en paix
pour la premier fois depuis
longtemps avec moi-même
je me suis rendu à la poste
qui était fermée
ou plutôt jamais ouverte
aux heures où je pourrais la fréquenter
et alors rien de grave
je suis rentré chez moi
par la même petite route
ensoleillée qui descend vers chez moi
(et non pas vers la mer)
j’habite entre la rue Jacques Prévert
la rue du cimetière
et la rue Pierre de Ronsard
ça pourrait être pire pour un poète
ça pourrait être mieux aussi
j’ai volé dix minutes à mon travail alimentaire
j’ai l’impression surtout d’avoir repris possession
de ma vie
l’impression de renaître aussi
à quelque chose de pur
à quelque chose de vrai
d’immaculé
de pas pollué de pas corrompu de pas compromis
je perds ma vie à la gagner bien sûr
mais aujourd’hui c’est moi qui ai gagné.
 
9 juin 2020

Jean-Pierre Georges né en 1949

« Elle publie un livre : à la télé, on ne voit que ses jambes, quelles belles jambes lui font ce livre ! »

« J’envie les antipathiques, on ne les emmerde pas ; je n’ai jamais su l’être au point d’assurer ma tranquillité. »

« Il prenait ses grands airs de petite fourmi supérieure. »

« Se lever tôt pour s’ennuyer plus. »

Extrait de Jamais mieux, Tarabuste éd., 2016.

Jean-Pierre Georges

 
© Photo de l’auteur sur le site Les moments littéraires

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20 mai 2020

Trombines de François-Xavier Farine

Nouveau recueil :

couverture-tromb

Trombines
Illustration de Benoît Delbroucq
Gros Textes, mai 2020 - 6 €.

Possibilité d'acheter le livre auprès de l'auteur
ou de l'éditeur :

Gros Textes éditions
Yves Artufel
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes
gros.textes@laposte.net

20 mai 2020

André Laude, poète révolutionnaire, écorché et exaltant (1936-1995)

André Laude, première anthologie

dédicace du poète © coll. privée F-X Farine

que le feu soit !

qui a dit que nous avions renoncé
qui a dit que nous avions creusé des terriers
très profonds dans la nuit de la cendre et de la
poussière pourrie
pour y dormir le sommeil du juste

les justes ne dorment pas ne peuvent pas dormir
dans leurs poitrines bariolées croisent de longs et fins
cormorans de rage
et de tendres fous de bassan excitent leurs veines transparentes

que le feu soit !
cette nuit j'allume les premiers soleils
collé au ventre de la bien-aimée
dont le visage brun se confond aux collines aux brebis nouvellement nées

aux souffles rauques des forestiers
à la lente marche des contrebandiers de l'espérance qui écarte
sur son passage des maïs brûlants

qu a dit que nos sangs s'étaient figés de terreur qu'ils s'étaient
agenouillés devant la gestualité froide des maîtres
qui a dit que nous avions signé allégeance et loyauté à la secte des chiens de bave

que le feu soit !
cette nuit je veille et lutte contre le rat de la mémoire
rivé aux épaules de houle tranquille de la bien-aimée
dont le battement de peau aiguise ma colère
mes doigts sont secs et noueux doigts de partisan aux lèvres criblées d'appels

qui a dit que la nuit était indéracinable chêne
j'ai connu des enfants géants aux mains de calle et d'ardeur
qui arrachaient des souches gorgées d'eau ; sombres et puis les jetaient
vers les étoiles, des souches
qui ne retombaient jamais sur une terre soudain lavée à grandes eaux
d'avril, à grandes lueurs de vignobles

Que le feu soit !
la bien-aimée et moi entreront dans la cité palpitante et il y aura des
musiques et des citrons, des bannières et des poissons volants et des
foules libres légères rassemblées pour célébrer midi rouge.

Extrait de comme une blessure rapprochée du soleil : première anthologie d'André Laude
in « Journal de bord de mort », la pensée sauvage, coll. la peau des mots, 1979.

21 décembre 2016

Le feu central

Chers lectrices, lecteurs, ami(e)s, poètes, simples curieux,

J'ai changé de plateforme blog depuis le 18 novembre dernier. Je garde néanmoins ce blog Poebzine (2010-2016) en état de veille. La richesse des archives me prendrait un temps fou à tout rapatrier.

Le feu central est le titre de mon nouveau blog où vous pourrez - si vous le souhaitez - continuer à me suivre.

Pourquoi ce titre pour mon nouveau blog ?

L'expression « le feu central » me rappelle plusieurs choses qui ont, à un moment donné, beaucoup compté pour moi, ayant trait à la fois à la belle aventure de la poésie et à mon parcours personnel  :

- Cela évoque d'abord mon enthousiasme toujours aussi vif pour la poésie depuis mes 16 ans.

- Peu de temps après, la découverte des mouvements surréalistes français (Desnos, Eluard, Péret, Soupault, Breton, Aragon, Mansour...) et belge (Scutenaire, Nougé, Achille Chavée...) qui allièrent révolte, renouveau, insolite et humour.
Je pense même que l'on retrouvera chez Benjamin Péret, lui-même, l'expression du
« feu central » dans un titre de ses poèmes ou recueils et également dans l'un des premiers poèmes vraiment surréalistes de Louis Aragon, si la mémoire de mes 20 ans doublement révolus ne me joue pas des tours.

rene-char-la-bibliotheque-est-en-feuJe possède aussi, dans ma bibliothèque, un bon petit recueil de René Char publié en 1957 chez GLM qui s'appelle : La Bibliothèque est en feu & AUTRES POÈMES.
Je l'ai acheté en 1992 pour 3 francs six sous à Lille, dans la petite boutique d'une vieille dame discrète qui s'appelait Thérèse Raoust. Elle gardait précieusement des petites merveilles de GLM comme des reliques sous verre à l'arrière de sa boutique. Elle ne vous les montrait que lorsqu'elle sentait que vous aviez une réelle attirance envers la poésie. Quelques temps après sa mort, sa boutique aux volets verts définitivement fermée à double tour, non loin de la Grand-Place de Lille, j'ai découvert que cette vieille dame avait personnellement connu Paul Eluard.

- Enfin, cela évoque encore la question qu'un chroniqueur mondain avait posée à Jean Cocteau :
« Si votre maison brûlait, que garderiez-vous ? »
Jean Cocteau avait répondu :
-
« Le feu »

Je vous salue donc bien amicalement et vous dis à bientôt car l'Aventure continue !

François-Xavier Farine, le 21 décembre 2016.

Spéciale dédicace à Grégoire Damon, jeune poète toujours au top.

1 novembre 2016

Amérique des écrivains en liberté

Livres-radeaux à emporter sur l'île...

Amérique des écrivains en liberté87) Amérique des écrivains en liberté, Alexandre Thiltges, photographies Jean-Luc Bertini
Albin Michel, coll. Beaux livres, 2016, 35 €.

Une trentaine de portraits de grands écrivains de l'Ouest américain, Sherman Alexie, Jim Harrison, Richard Ford, Dan Fante, Donald Ray Pollock, Chris Offut, Rick Bass, James Crumley, Laura Kasischke ou encore Charles d'Ambrosio, etc. réalisés sur cinq ans durant un parcours de 40 000 kilomètres. Ils évoquent leurs racines et leurs origines, leurs influences littéraires, leurs rituels d'écrivains, leur vision des États-Unis...

Fabulous one !

25 octobre 2016

Une lettre inédite de Claude Roy (1915-1997) à Bernard Mazo (1939-2012)

 

Claude Roy, poète et fabuleux préfacier de plusieurs poésie/gallimard
                 Welcombe Hotel
                 Warwick Road

                 Stratford-upon-Avon
                 Telephone 3611  Telex 31347


                  Le 6 sept. 70




                       Cher Monsieur,

    Malgré le « secret professionnel » du « Conseil des Dix* », je ne résiste
pas au plaisir de vous dire celui que j’ai eu à lire le manuscrit
de La Mort habite à NY. C’est un des livres les plus justes (et
les plus tristes) que j’ai lu sur le Grand Vide Américain.
Vous avez su restituer le silence des petites villes à campus », et
la solitude blême du village comme peu d’écrivains français.

    À vous

                      Claude Roy

P.S : Une seule « critique ». À la seconde ligne
« le lourd parfum » me gêne. Vos adjectifs sont
rarement attendus. Mais après le coup d’archet
aigu de la première phrase, cette épithète là est
un peu convenue, ne croyez-vous pas ?


*
Claude Roy faisait partie du comité de lecture des éditions Gallimard.

[Mention légale © collection privée François-Xavier Farine.]

En savoir plus sur :
Claude Roy
Hommage à Bernard Mazo dans sur le site Recours au poème par le poète Max Alhau.

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