Pour la maison de paille et de foudre de Louis-François Delisse
Hé, Louis-François
tu es le premier nègre blanc
qui voulut être un Grand Noir
A Niamey tu es une vedette
comme Senghor ?
ou, peut-être, Césaire ?
tu connaîtrais encore les honneurs
d'un roi Peul
tes pieds seraient baignés par la tribu
des Haoussas ou enveloppés
du chèche indigo
des Hommes bleus
A Roubaix
qui se souvient de toi ?
Folle jeunesse échevelée où tu déambulais
dans les ruelles de suie des usines
sous les carreaux cassés
des filatures
avec Dodin et Van Hecke, trimballant
chevalets & poèmes de feu
sous le bras
Maintenant tu vis seul
dans le 13e arrondissement
de Paris
C'est Chinatown qui te sourit
sous les barres d'immeubles dégénérées d'une cité
où volète pourtant la foi
des enfants métissés
et des personnes âgées
qui ont beaucoup
vécu
ton parc ouvre sur le ciel
Maintenant c'est toute la vie
qui tourne trémolo
autour de ton banc
tu écoutes le chant des feuilles
et les oiseaux piailleurs
cogner le ventre tiède des étoiles
la lune à chaque pétale
de ton sang
tu es heureux ta vie est moins ardente
mais tes livres rugissent
toujours comme des lions
dans des carnets solaires
ou des caïmans dorés
qui remontent le Fleuve
Niger
de la mémoire
qui ne te ment
presque jamais.
FXF - 14/01/2011.
* J'ai écrit deux articles sur Louis-François Delisse. "Louis-François Delisse, poète couleurs de l'Homme" paru en septembre 2009 sur Poezibao ; "Louis-François Delisse et les grands peintres du Nord" publié dans le n°55 de la revue nord' en juin 2010.