Léon-Gontran Damas ou le chant de la Négritude (1912-1978)

Livres-radeaux à emporter sur l'île...

19) Pigments suivi de Névralgies, Léon-Gontran Damas, Présence Africaine, coll. poche poésie, 2001, 7 €.

« Rendez-les moi mes poupées noires que je joue avec elles les jeux naïfs de mon instinct (...). »

Aux côtés de Léopold Sédar Senghor et d’Aimé Césaire - qui lui firent malgré eux de l’ombre - le poète métis Léon-Gontran Damas, originaire de la Guyane, apparaît à tort comme un poète beaucoup moins important que ses deux amis, avec lesquels il fonda pourtant, dès 1935, la revue L'Étudiant noir et surtout le mouvement de la Négritude.
Son premier recueil, Pigments (1937) paru chez G.L.M., eut les faveurs de Robert Desnos qui en rédigea la préface. Ce dernier décèla dans les poèmes de Damas, leur force brute, leur immédiateté, leur rythme inspiré du jazz, leur courage et leur virulence.
Léon-Gontran Damas y prend la parole comme un griot moderne, dénonçant, au nom du peuple noir, l'oppression et le caractère coercitif de la colonisation, comme l'acculturation imposée par l'école des Blancs.
L.-G. Damas fut l'un des premiers à revendiquer et à faire entendre, avec tant d’authenticité et de révolte, dans des poèmes à feu et à sang, sa voix d’Orphée noir. Et au-delà, bien sûr, il fit résonner le chant de l’Afrique souffrante, de la culture nègre et de sa profonde identité, comme le chant plus fondamental de la liberté.
Son poème-fleuve Black-Label publié chez Gallimard en 1956 se lit comme une longue complainte, un long solo de jazz, qui - de nos jours - pourrait même être rapé.
La poésie de L.-G. Damas fait entendre un chant émouvant et personnel.
C'est un brûlot que les nouvelles générations doivent s'empresser de redécouvrir.

In La petite histoire de la poésie d'hier et d'aujourd'hui, notes personnelles (2001-....) - FXF.

On lui doit aussi une belle compilation de POÈMES NÈGRES sur des airs africains - recueillis par Léon-Gontran Damas lui-même - et parue chez Guy Lévis Mano en 1948.

Une Bonne nouvelle ! Le poète Léon-Gontran Damas vient de rejoindre - fin septembre - la célèbre collection de poche Poésie/Gallimard, n°469, 5 €.