Perrin Langda, jeune poète en vue
Né en 1983, Perrin Langda est apparu sur la toile en 2010 avec le blog U-poesis associant textes et images décalées ou des textes décalés à des images hyperréalistes.
Aujourd'hui, il publie très régulièrement sur les principaux sites web et revues en vogue : Tas de mots, Métèque, Traction-Brabant, Microbe, Catarrhe, Cohues, Nouveaux Délits, Paysages écrits, 17 secondes, Squeeze, Les mots plus grands que nous, Poème Sale, Ce qui reste…
Il vient de publier son premier recueil, Quelques microsecondes sur Terre, chez Tilleuls du Square / Gros Textes.
Il fallait en parler après une lecture enthousiaste.
Perrin Langda m’a confié en aparté avoir beaucoup lu deux poètes « modèles » pour lui, aux univers assez proches : Thomas Vinau et Guillaume Siaudeau, et reconnaître en partie leur influence vitaminante sur sa propre écriture.
Cela donne, chez Perrin Langda, une poésie insolite, décalée, gaie, vive, éruptive, inquiète mais clairvoyante, à travers des textes, souvent très courts, vignettes ou instantanés très visuels qui s'animent dans le « laboratoire mental » de l'auteur jusqu'à titiller gravement notre imaginaire.
Je ne sais pas si le métier de prof de Perrin Langda a dépeint sur sa poésie ? S'il a influé sur sa curiosité, sa vision poétique, continuellement en mouvement, « géomorphique » comme dans le poème suivant :
Moteur à pistons
les mers s’élèvent et les
monts coulent un fleuve s’étend
dans le lit d’une vallée
ondulante des forêts
fanent et des villes entières
fleurissent on y copule
certains soirs on repart
chaque matin en voiture
Dans ses textes, même l'humour est singulier, léger, décontenançant. Sa fantaisie, jamais excessive. Elle nous fait rebondir très vite sur nos pieds, pour mieux nous faire appréhender la réalité, en la déformant ou en la grossissant, comme au travers la lunette astronomique d'un scientifique un brin loufoque.
Un air de décontraction sous-tend aussi cette « drôle » de poésie, que j’aime particulièrement, et que je n’ai trouvé nulle part ailleurs... sauf, peut-être, chez Alfonso Jimenez.
Chut !
les bouts de verre brisés
flottent avec la nacelle
du laveur de carreau
un petit coucou à
la secrétaire de N-
ième splash sur le bitume
rêvé de mon bureau
la vue est magnifique
« Des poèmes coupés à la tronçonneuse »
Dans Quelques microsecondes sur Terre, Perrin Langda a choisit d’écrire des poèmes dans une forme fixe, huitains d'hexasyllabes « coupés à la tronçonneuse ».
L’infiniment petit et l'infiniment grand y côtoient le banal ; l’informatique, les jeux vidéo (« Sonic ») et des films (« Retour vers le futur 3 », « Transformers », « Robocop » ?) ayant marqué l’enfance du poète s’invitent aussi dans quelques textes et contribuent à rafraîchir leur trame, à les dynamiser de manière ludique, fine, distancière aussi.
D’un poème à l’autre, on passe en effet, comme vient de l'écrire très justement Cédric Bernard, « du microcosme ou macrocosme où l’Homme (sa condition, sa position) » demeure au centre des préoccupations de l’auteur.
En voici un autre échantillon, un poème « en accéléré » :
Toboggan de la mort
on sort d'un ventre en glis-
sant sur toboggan
vers l'école des fiestas
diplôme en poche après
une dure journée on file
à l'hospice pour attendre
une visite des enfants
au caveau familial.
Puis un dernier, épatant petit poème d’amour et d’autodérision de Perrin à sa belle : Les armes de la poésie (film) extrait de la défunte émission « Une étoile dans la gorge » d'Oslo Deauville qui va bientôt reprendre du service de manière autonome. Le poète s'y rêve volontiers en acteur studio d'une superproduction hollywoodienne.
Perrin a la cote chez les 30-40 ans
La poésie de Perrin Langda fait du bien. Sa fantaisie nous souffle dans les bronches et aère l'esprit, n'est-ce pas ?
À ce jour, elle n'a pas rencontré de détracteur enragé. Beaucoup l’ont déjà adopté comme une évidence : Jean-Claude Touzeil, Eric Dejaeger, Cédric Bernard, Heptanes Fraxion, Thierry Roquet, Jean-Baptiste Pedini, Thierry Radière, Murièle Modély, Vincent Motard-Avargues, Emmanuel Campo, Morgan Riet... L’humilité et la gentillesse de Perrin Langda ne sont pas non plus étrangères à cela.
Je crois aussi que la poésie a besoin de « professer de l’espérance », de sautiller d’humour et de dérision, et le poète de savoir rire de lui-même.
Perrin Landga l'écrit autrement : « C'est toujours ma tête d'enfant dans le miroir. »
On l'aura compris : Perrin Langda est une de mes dernières découvertes. Sa poésie reconfigure le réel pour nous divertir et nous interpeller.
© François-Xavier Farine, le 9 octobre 2015.
On peut acheter Quelques microsecondes sur Terre de Perrin Langda ICI, par chèque, 7 € (+ 1 € de port) à l'ordre de : Gros Textes, Yves Artufel, Fontfourane, 05380 Châteauroux-les-Alpes, en quelques microsecondes.
Contact : gros.textes@laposte.net ; 04 92 43 23 03
Un second recueil Documentaire Humain de Perrin Langda vient également de paraître mi-octobre aux éditions mgv2>publishing de Walter Ruhlmann. Acheter le recueil.