Stères de poésie

à Grégoire Damon & Jean Marc Flahaut

je m'en fous
si le monde est malvoyant
maltournant
je range des stères de bois
à longueur de journées
et j'éprouve la force la bonne fatigue
de mes muscles
sans me lasser
j'habite en quelque sorte la poésie du ciel
et de la terre
avec mon râteau et ma scie sabre
pour seuls alliés
mon fils lui sourit
et hurle de joie en courant
dans le jardin avec son ballon
qu'il pousse comme une pierre
heureuse devant lui
et chaque soir
dans mon bureau (encombré de livres)
il me montre
la photo de Brautigan
avec son chapeau arrondi
et sa main ouverte qui tient
une fleur
et alors je me dis que
tout n'est pas perdu !

© François-Xavier Farine - le 27 mai 2015.

Comments

[Greg]

Merci du clin d'oeil. P't'ète que j'aurai l'occase de rencontrer le montreur de Brautigan ce week-end.

[poebzine]

Merci, cher coyote des villes & des campagnes ! Le poème est-il toujours le sismographe de nos existences ? Je n'ai bien sûr pas la réponse... comme l'a écrit Kundera : " On court toujours vers un bonheur voilé. " J'espère que cette citation, par les temps qui courent, ne sera pas déformée par un quelconque totalitarisme malveillant.

[coyote]

Belle poésie sauvage. Qui sait, le futur de l'humanité sera jardinier-cueilleur, ou ne sera pas. A la campagne comme en ville.